Le Razoni, premier navire de céréales à quitter un port ukrainien depuis le début de l’invasion russe, est arrivé ce mardi 2 août au large d’Istanbul, en Turquie. Il doit maintenant subir une inspection avant d’être autorisé à gagner le Liban.
Le Razoni a franchi l’étape la plus difficile de son voyage : traverser sans encombre la mer Noire du nord au sud. Il avait quitté lundi matin le port d’Odessa, en vertu de l’accord sur la reprise des livraisons de céréales ukrainiennes signé le 22 juillet par Kiev et Moscou. Après quelque 36 heures de navigation, le navire a jeté l’ancre dans les eaux turques, au large d’Istanbul, à l’embouchure du détroit du Bosphore, rapporte notre correspondante sur place, Anne Andlauer.
C’est donc là – en mer et non dans un port – qu’il doit passer par une autre étape prévue dans l’accord entre l’Ukraine et la Russie : subir une inspection de son chargement. Une équipe composée de représentants des deux pays en guerre, mais aussi de la Turquie et des Nations unies, doit se rendre à bord en bateau pour vérifier que le Razoni transporte bien ce qui a été annoncé, c’est-à-dire 27 000 tonnes de maïs à destination de Tripoli, au Liban.
Cette mesure, exigée par la Russie, vise à s’assurer que le vraquier ne contient pas d’armes ou de munitions. La même procédure sera appliquée lors du voyage retour, dès son entrée dans la mer Noire. Le centre de coordination conjointe basé à Istanbul, qui supervise toute l’opération depuis le départ du navire, n’a pas précisé la durée ou les détails techniques de cette inspection.
16 autres bateaux sur le départ
L’objectif est maintenant que le Razoni poursuive son voyage au plus vite, et ouvre la voie aux autres bateaux céréaliers qui attendent de prendre la mer dans le port d’Odessa. Selon le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, 16 autres bateaux chargés de céréales « attendent leur tour » pour quitter le principal port ukrainien, situé sur la mer Noire, qui concentrait avant la guerre 60% de l’activité portuaire du pays. Des céréales sont déjà parties d’Ukraine depuis le déclenchement de l’offensive russe, mais de Berdiansk, dans le sud-est du pays, sur la mer d’Azov, une zone occupée par les Russes.
L’accord signé le 22 juillet par la Russie et l’Ukraine, via une médiation de la Turquie et sous l’égide des Nations unies, permet la reprise des envois vers les marchés mondiaux de céréales ukrainiennes bloquées depuis l’invasion russe, sous supervision internationale. Le document prévoit notamment l’instauration de couloirs sécurisés afin de permettre la circulation en mer Noire des navires marchands et l’exportation de 20 à 25 millions de tonnes de céréales.
Un accord similaire signé simultanément garantit à la Russie l’exportation de ses produits agricoles et de ses engrais, malgré les sanctions occidentales. Les deux accords doivent permettre d’atténuer la crise alimentaire mondiale provoquée par la montée en flèche des prix des denrées alimentaires dans certains des pays les plus pauvres.
Lundi 1er août, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a « chaleureusement » salué le départ du Razoni, exprimant l’espoir que la reprise des exportations ukrainiennes, permise par un accord international, « apportera la stabilité et l’aide indispensables à la sécurité alimentaire mondiale ».