La suspension du maire de Brazzaville Christian Roger Okemba le 28 février par le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation, Raymond Zéphirin Mboulou continue de susciter des réactions, en attendant l’aboutissement de l’enquête ouverte par les autorités. Les accusations de mauvaise gestion administrative et financière qui pèsent contre Christian Okemba pourraient-elles être levées pour lui permettre de continuer son mandat qui s’achève en 2022 ?
Trois ans après sa nomination à la tête du conseil départemental de Brazzaville, Christian Roger Okemba a été mis en stand-by en attendant le verdict des enquêtes pour connaitre son sort. Il est reproché à la mairie de Brazzaville la mauvaise gestion administrative et financière des recettes municipales de l’ordre de 1 milliard 250 millions de francs CFA qui aurait été transféré dans un compte privé dont le maire de Brazzaville a la main mise ; alors que la mairie a des comptes par lesquels cet argent aurait pu être logé.
Le flou qui plane au tour du transfert de fonds par le trésor public dans un compte privé, pousse à réfléchir. Il y a lieu de s’interroger sur les mobiles qui ont conduit le trésor public à faire le virement via la Banque des Etats de l’Afrique centrale dans un compte privé. L’ordonnancier n’était-il pas informé que ce compte appartenait à un particulier ? Vouloir répondre à cette interrogation relève d’une entreprise ardue, dans la mesure où l’intéressé a déjà mordu à l’hameçon.
Qui plus est, ce virement a été fait avec son autorisation, dont il se plaisait à savourer des centaines millions retirés dans ce compte, pendant que la mairie de Brazzaville est en proie depuis des années à moult difficultés. Les agents de la mairie accusent dix mois de salaires impayés.
Lors de la session du conseil budgétaire d’octobre 2019, Christian Roger Okemba avait pris l’engagement de payer trois mois d’arriérés de salaires sur les six reliquats de salaires que devaient la mairie. Ce dernier n’a pas honoré ses promesses, laissant plutôt la situation sociale des travailleurs s’empirer.
A l’actif de sa gestion calamiteuse à la mairie de Brazzaville s’inscrit également l’opération « Brazza 100 jours rendons le sourire à notre ville capitale », avec en toile de fond le colmatage des nids de poule des voiries à base du ciment. Une innovation apportée par Christian Roger Okemba dans la réfection des routes.
De même, jusqu’à lors, Brazzaville ne dispose pas d’un cimetière municipal, ce qui oblige des familles à consentir d’énormes sacrifices surtout, en ces temps de vache maigre, pour inhumer leurs proches dans des nécropoles privées.
Dans le chapelet de la mauvaise gestion du maire de Brazzaville figure aussi de nombreuses taxes instaurées par la mairie dans les marchés, à cela s’ajoute les toilettes publiques dont la plupart attendent encore leur mise en service.
En dépit de ce bilan mitigié à la tête de la mairie, Christian Roger Okemba a pu mettre en place une réforme non moins importante des recettes municipales en instaurant la numérisation du système de fonctionnement qui était encore, en plein 21ème siècle, à l’étape empirique.
La mauvaise gestion du maire de Brazzaville avait conduit le 26 février dernier 64 conseillers départementaux à demander son départ. Une pétition entérinée deux jours après par le ministre de l’intérieur.
La suspension du maire de Brazzaville peut être interprétée comme le début de la traque des pilleurs des derniers publics et la fin de l’impunité dans le pays, en attendant l’installation des membres de la haute autorité de lutte contre la corruption.