L’ex-président géorgien et meneur d’opposition Mikheïl Saakachvili a été arrêté à son retour dans son pays après un exil de huit ans, en pleine crise politique. Il était rentré clandestinement dans son pays la nuit précédente, après huit ans sans y avoir mis les pieds. Le parti au pouvoir, le « Rêve géorgien », de l’oligarque Bidzina Ivanichvili, a lancé ces dernières années plusieurs mandats d’arrêt contre celui qui en 2003 avait été le héros de la très pro-occidentale « révolution des roses ».
C’est un Mikheil Saakachvili souriant, entre deux policiers, que l’on a pu voir ce vendredi soir, en guise de première preuve de son arrestation. Le troisième président de la Géorgie savait qu’il risquait fort d’être arrêté.
Dans de nouvelles vidéos publiées sur Facebook ce vendredi soir, on le voit évoquer ce risque. Mikhail Saakachvili, 53 ans, a expliqué sa décision par ce que lui et nombre de partis d’opposition considèrent comme la captation de l’État par l’oligarque Bidzina Ivanichvili, qui règne sur la petite république caucasienne depuis 2012.
Son objectif : inciter ses compatriotes à voter lors du scrutin local de ce samedi 2 octobre afin de renverser par les urnes le parti Bidzina Ivanichvhili, son ennemi juré.
Dans un message sur le réseau social américain quelques minutes avant d’être appréhendé, Mikheïl Saakachvili l’assurait : « Je suis revenu pour vous aider. Nous n’avons pas d’autre choix. Je n’ai peur de rien et vous n’ayez pas peur. »
Un message qui se veut dramatique alors que le paysage politique est extrêmement polarisé depuis plus de deux ans en Géorgie, et que la quasi-totalité des formations d’opposition dénoncent la dérive non démocratique du parti au pouvoir.
17 coups de « bluff »
Tôt ce vendredi matin, Mikheïl Saakachvili avait publié une vidéo postée sur Facebook, filmée de nuit au téléphone, où il disait être à Batoumi, sur les bords de la mer Noire.
Les responsables du pays ont d’abord nié sa présence sur le territoire national. Le pouvoir assurait avoir des informations comme quoi l’ancien président n’avait pas franchi les frontières de l’Ukraine où il résidait et dirigeait un Comité du Conseil national des réformes. Selon le gouvernement, Mikheïl Saakachvili bluffait, comme il l’avait fait 17 fois au cours de ces dernières années, 17 fois où il avait promis de revenir au pays avant de se dédire sous divers prétextes. Jusqu’à ce qu’en début de soirée, le Premier Ministre Irakli Garibachvili ne confirme la détention de l’ancien chef de l’État.
Rien n’indique que les 3,7 millions de Géorgiens sont prêts à descendre dans la rue pour le libérer de prison, malgré une opinion publique de plus en plus hostile au parti au pouvoir.