Les Etats-Unis et la Chine sont en compétition pour obtenir le titre de leader mondial de l’intelligence artificielle. Quelque 80 % des modèles d’IA à grande échelle ont été développés dans les deux pays. Ce bras de fer entre les deux premières puissances implique un investissement des pouvoirs publics…
La Chine ambitionne de devenir numéro mondial de l’intelligence artificielle d’ici à 2030. C’est une bataille à coup de milliards de yuans pour tenter de réduire l’écart avec les Etats-Unis, mais aussi avec effectivement un appui des autorités.
ChatGPT a mis un coup moral des développeurs, avec l’échec du lancement du lancement d’Ernie Bot, l’agent conversationnel de Baidu. Mais c’est reparti et c’est au niveau des administrations locales que les choses s’accélèrent : 14 régions et provinces chinoises ont contribué au développement de près de 80 modèles d’IA a grande échelle, la technologie derrière ChatGPT.
Des modèles boulimiques en datas (on parle de plus d’un milliard de paramètres) avec les moyens pour les traiter. Pour cela, les autorités locales ont fourni la puissance de calcul. Depuis trois ans, des municipalités comme Pékin et Shanghai, les provinces orientales chinoises du Guangdong et du Zhejiang se sont équipées de serveurs IA.
À niveau plus réduit, on a des déclinaisons dans tous les secteurs. Les hôpitaux, les usines pour le contrôle qualité et tout ce qui est services… Des influenceurs virtuels sur la plateforme de e-commerce Taobao, des guides virtuels au musée national de Chine. On a aussi des version IA des chanteurs, dont on emprunte la voix pour chanter d’autres chansons. C’est le cas par exemple de Sun Yanzi, alias Stephanie Sun : on a compté plusieurs centaines de chansons chantées par les différentes version IA de la chanteuse (79 sur NetEase, 123 sur QQ). Ce qui fait réfléchir sur la protection des droits d’auteurs et l’impact social de l’IA.
Avant on avait peur de perdre son boulot avec les robots, maintenant on se méfie de ChatGPT, nous confie ce jeune ingénieur data : « Moi je travaille dans le secteur des algorithmes. Et mon emploi, comme beaucoup d’autres, risquent d’être remplacés par l’intelligence artificielle. On le voit aujourd’hui, on a du mal a suivre dans la compétition avec l’IA. Et déjà le recrutement dans le domaine des algorithmes est plus compétitif. Il faut avoir fait des conférences, montrer des résultats. Et puis surtout c’est plus dure pour les petites entreprises qui n’ont pas les même capacités de développement. »
Des craintes et des perspectives aussi… Selon McKinsey, le secteur de l’intelligence artificielle pourrait ajouter près de 560 milliards d’euros chaque année au produit intérieur brut chinois.