Après des voyages bien ternes au Cameroun, Bénin, Algérie, où il a pu se rendre compte à l’évidence de la dépréciation de l’influence française dans les ex- colonies, Emmanuel Macron a demandé aux diplomates français d’adopter « une approche plus hybride » de leur action, en « associant davantage la société civile » et en étant « plus réactifs sur les réseaux sociaux », en particulier en Afrique.
– « On subit trop »! A lâché le président français. Il faut noter que le franco beninois Kémi Seba, la camerounaise Nathalie Yamb, l’ivoirien Mamadou Koulibaly, l’ ivoiro-camerounais Nyamsi, le congolais Obambe Gakosso, la panafricaniste Afrique Media…, ne manquent pas de broccarder la politique de la France en Afrique chaque fois que l’occasion se présente.
De jeunes influenceurs, journalistes et intellectuels, si admiratifs de leur engagement pour l’émergence d’une nouvelle Afrique, leur emboîtent le pas. Un effet multiplicateur qui déverse infox, deep fake et beaucoup de vérité aussi.
Il est donc désormais question pour Paris de riposter aux « narratifs russe, chinois ou turc » qui expliquent aux opinions publiques « que la France est un pays qui fait de la néo-colonisation et installe son armée en Afrique.
Une entreprise de communication tout de même difficile pour Paris et ses prochaines recrues, car il est difficile de convaincre les africains, en comparaison avec ce que font chinois et turcs en Afrique, en termes de construction d’infrastructures de base et de qualité; d’appui russe dans le combat pour la décolonisation et la décolonisation de l’Afrique, que ces trois pays n’apportent pas tant au développement concret du continent. Tout autant qu’il est aussi bien difficile d’expliquer aux africains que leur indépendance monétaire est acquise tant que le franc cfa est imprimé et géré par la France. Les africains n’ont-ils pas le droit de gérer directement leurs avoirs de garantie logés dans le compte d’opération, en assurant eux-mêmes le placement auprès d’autres places financières plus rentables? Et ne faut-il pas signer l’acte de décès du Franc cfa, comme le recommandent des panafricanistes extrémistes, sans formation en économie monétaire? Il faut une autre approche de la gestion de notre monnaie, d’autant que l’Afrique commerce plus aujourd’hui avec la Chine.
En somme, le passé colonial et le présent neocolonial de la France pèsent lourdement dans le subconscient africain. Et ce n’est pas l’exorcisme communicationnel, via réseaux sociaux, qui va l’en extirper. Les président français, sous la v ème République, n’ont rien fait pour réparer cela. Et ce ne sont donc pas de simples déclarations sur la revisitation des archives de l’histoire coloniale de la France en Afrique qui vont rectifier le tir.
A.Ndongo, journaliste économique et financier