» Rien n’a été fait depuis 3 mois pour affronter le coronavirus dans notre pays », ainsi se lamentait, en off, un ministre congolais. Qui, sans sourciller, pointait un doigt accusateur sur sa collègue de la santé. À preuve, « l’oxygène dont a besoin le CHU de Brazzaville n’a été commandé à Kinshasa qu’à la fin du mois de mars dernier », croit savoir un médecin en service dans cet unique centre hospitalier de référence au Congo.
Comment n’a t-on pas pu anticiper, tout au moins à ce niveau? Comme pour sauver les meubles et tenter de rectifier ce tir de l’impréparation des autorités sanitaires , l’Unicef Congo vient de faire dresser au CHUB des tentes qui serviront au centre de mise en quarantaine des porteurs sains.
Et pourtant, Brazzaville aurait pu, avec des moyens modestes, se préparer à affronter l’entrée du coronavirus au Congo. D’autant que la prise en charge des personnes infectées doit se faire dans un centre dédié exclusivement aux cas de coronavirus, un peu comme au Bénin, Sénégal…
« Il n’est pas normal que les infectés du coronavirus soient admis dans les mêmes structures de santé que d’autres malades! » s’en plaint, à brûle pourpoint, un épidémiologiste interrogé.
Mieux, un médecin de l’armée estime que l’on aurait dû endiguer l’entrée de la pandémie au Congo en suspendant les vols des compagnies aériennes qui desservent Brazzaville et Pointe-Noire.
En janvier dernier, le cancérologue Nkoua Mbon s’est fendu d’une note par laquelle il faisait des propositions au gouvernement pour que le Congo n’affronte pas le coronavirus les mains nues. Il proposait, entre autres, la réquisition de l’hôpital de Kombo, en construction à Brazzaville, comme site de mise en quarantaine des porteurs sains, et, aussi, la mise sur pied d’un comité scientifique composé de plusieurs experts. L’ achat, en urgence, des équipements de protection individuelle et les appareils utilisés à cet effet était également évoqué dans la note du cancérologue congolais…
Il n’en fallait pas plus pour que certains infatués, y compris la ministre de la santé Jacqueline Lydia Mikolo elle-même, y voient une « mise en évidence du professeur Nkoua Mbon visant à défenestrer la ministre de la santé dans le but de la remplacer « .
Conséquence, les propositions du professeur Nkoua Mbon ont été politisées, avant d’être classées sans objet. « La suite est l’amateurisme auquel nous assistons aujourd’hui », se désole un observateur de la gestion sanitaire. Heureusement, le président de la République a repris la main en déléguant des pouvoirs au premier ministre Clément Mouamba pour un meilleur suivi. Cela suffira t-il à réduire à une portion congrue la propagation du coronavirus au Congo ? Réponse dans un mois.