Les noms de la République du Congo et de certains de ses dirigeants reviennent presque dans toutes les enquêtes liées aux malversations financières : Global Witness, Biens mal acquis, Panama Papers. La dernière en date est celle des Pandora Papers où le président Denis Sassou Nguesso est nommément cité. À Brazzaville, les langues se délient au sujet de cette enquête menée par des journalistes d’investigation.
Il est reproché au président Denis Sassou Nguesso le fait d’avoir dissimulé des avoirs dans une société offshore créée en 1998, dans les Îles Vierges britanniques.
Économiste et statisticien avant d’être homme politique, Clément Miérassa a, sur son bureau à domicile, un document comportant les révélations des Pandora Papers : « On se rend compte que nous avons véritablement des problèmes parce que les gouvernants de nos pays sont dans des situations extrêmement dangereuses. Ils sont dans des situations paradoxales parlant du développement et adoptant des attitudes contre le développement. »
Clément Miérassa salue la démarche des journalistes d’investigation à l’origine de l’enquête. Il appelle le Parlement et la justice de son pays à se saisir de l’affaire : « En ce qui me concerne je pense que pour faire la lumière, il faut que le Parlement congolais ouvre une enquête judiciaire contre le président de la République et cela permettra au Congo d’être apaisé. Et je pense aussi que la justice devrait emboîter le pas. »
Coordonnateur du cercle des droits de l’homme et de développement (CDHD), Roch Euloge Nzobo exprime toute sa désolation sur l’évasion fiscale dont le Congo serait victime : « Je suis aussi désolé de voir que la République du Congo revient toujours, chaque fois qu’il y a des informations liées à l’évasion fiscale, au détournement des fonds publics. Ceci au niveau international. Cela donne de plus en plus une mauvaise image de notre pays et de nos gouvernants. C’est dommage. »
« Où le président aurait-il puisé pour monter une telle société offshore ? »
Cependant, pour Serge Ikiemi, enseignant d’économie à l’université publique et très proche du président congolais, l’enquête sur les Pandora Papers n’a rien de fondé : « Cette enquête est douteuse aussi bien sur le fond que sur la forme. Elle est de nature à ternir l’image d’un homme d’État dont l’aura n’est plus à démontrer. On parle d’une société offshore qu’il aurait créée en 1998. Or, tout le monde sait qu’en 1998 le Congo sort d’une guerre socio-politique et ses caisses sont vides. Où le président aurait-il puisé pour monter une telle société offshore ? »
Cette enquête, affirme Serge Ikiemi, vise à saper les efforts du Congo qui a repris langue avec le FMI. Un argument soutenu par Lionel Ngodjo Louvosso qui dirige une association proche du pouvoir et évoque un « divertissement » : « Pour nous, il n’y a aucune base vraie, il n’y a aucune démonstration scientifique sur ces allégations. Nous n’avons pas besoin de divertissement, mais d’une concentration. »
Le chef de l’État congolais a menacé de poursuivre en justice tous ceux qui reprendraient ces accusations sans en apporter la moindre preuve.