La situation sécuritaire reste précaire en RCA après l’organisation d’une coalition de six groupes armés et leur descente sur les principaux axes du pays vers la capitale. À Bangui, la capitale, la situation a été calme ce lundi 21 décembre, où des mouvements ont toutefois été signalés.
Dans le pays, les positions des groupes armés restent relativement stables même si les mouvements de regroupement se poursuivent notamment du côté de Baboua, axe de ravitaillement de la capitale.
À Mbaïki, des échanges de tirs ont encore eu lieu ce lundi matin. À Bouca, statut quo mais des témoins signalent la fuite des populations en brousse. Même si jusqu’à présent, les groupes armés ne s’attaquent pas aux populations, prévenant à leur arrivée qu’ils ne font que passer, les habitants des localités craignent de nouveaux combats.
Plusieurs sources sécuritaires notent des désertions, du côté des forces nationales ainsi que du côté du mouvement armé 3R. Une branche du groupe FPRC a annoncé se désolidariser du mouvement armé en cours. Cependant, il est difficile d’évaluer son importance dans la coalition.
Alors que les groupes armés du nord descendent vers le verrou de Sibut, des renforts des forces armées centrafricaines et de la Minusca sont arrivés sur place.
Si la journée semble à l’accalmie, plusieurs réunions sont à signaler notamment au sein du groupe 3R pour décider de la stratégie à suivre car, pour l’instant, les pressions mises sur le pouvoir ne portent pas les fruits escomptés. En effet, autorités et partenaires internationaux ne plient pas. Les élections de dimanche prochain doivent se tenir.
Le président Touadéra inflexible
Pour le président Faustin Archange Touadéra, pas question de report ou d’ouvrir la brèche vers une nouvelle transition. Il estime que la campagne peut se poursuivre, en dépit de la crise sécuritaire, et reste inflexible sur la tenue des élections le 27 décembre, pour rester dans les clous de la Constitution. Il l’a redit au cours d’un point de presse ce lundi 21 décembre.
Le 27 [décembre], nous allons aux élections. Maintenant que nous avons retrouvé l’ordre constitutionnel, on doit maintenir cet ordre-là pour la démocratie […] Négocier ? Comment ? Sous quelle forme ? Vous voyez bien que là, nous avons des attaques, que nous n’avons pas le temps de négocier. On ne sait pas avec qui négocier.
Envoi de troupes rwandaises
De son côté, le président rwandais Paul Kagame s’est exprimé au sujet de l’envoi de troupes rwandaises en Centrafrique. Lors d’une conférence de presse virtuelle, dans l’après-midi de ce lundi 21 décembre, il a donné des précisions sur le mandat des troupes récemment envoyées à Bangui, dans le cadre d’un accord bilatéral avec la République centrafricaine, et non sous mandat de l’ONU. La décision a été prise sur la base d’informations selon lesquelles le contingent rwandais de la Minusca, fort de plus de 1 600 militaires et policiers, serait pris pour cible par des groupes armés.
« Les règles d’engagement des forces déployées dans le cadre de la mission des Nations unies sont différentes de celles qui s’appliquent à des forces déployées, dans des circonstances différentes ou selon un mandat différent. Dans ce cas précis, nous avons une coopération bilatérale avec la République centrafricaine. Nous avons estimé que dans le cadre de cet accord bilatéral et à l’invitation du gouvernement de la République centrafricaine, les règles d’engagement seront différentes. Elles nous permettront de protéger notre contingent pris pour cible par les groupes armés. Donc, les forces supplémentaires que nous avons envoyées, selon cet arrangement, doivent tout simplement nous permettre de nous assurer que nous pouvons contenir toute situation qui aurait pour but de perturber les élections ainsi que tout groupe qui voudrait cibler nos forces », a déclaré Paul Kagame.