Les Brésiliens font leurs adieux au roi Pelé, et pour lui rendre hommage, quelle enceinte plus symbolique que celle du stade de Santos dans l’État de São Paulo, là ou Pelé aura joué de 1956 à 1974 et forgé peu à peu sa légende. La dépouille de l’icône est arrivée lundi matin dans la ville avant d’être installée au centre de la pelouse pour une veillée publique de 24 heures.
Le soleil était déjà très chaud au-dessus du quartier Vila Belmiro lundi matin, mais les files d’attente s’allongeaient devant l’entrée numéro 2 du club de Santos, celle réservée aux personnes qui veulent rendre personnellement un dernier hommage à Pelé, ont constaté nos envoyés spéciaux Annie Gasnier et Richard Riffoneau.
Certains attendaient depuis dimanche soir aux portes du stade qui a vu donc grandir ce footballeur et sa légende. À la porte réservée aux personnalités, une foule de reporters brésiliens et étrangers qui surveillent les allées et venues. On attend le président du Brésil, Lula, mais aussi le président de la Fédération internationale de football, la Fifa, Gianni Infantino.
D’autres essuyaient des larmes en quittant le stade et profitaient de ce moment pour se regrouper et évoquer leurs souvenirs ou même chanter un refrain qui célèbre le 1 000e des 1 281 buts de Pelé. Wesley est un abonné du club, il raconte : « C’est un jour bien triste pour nous, mais il faillait bien que Pelé se repose un jour et il fallait aussi qu’on fasse la fête aujourd’hui, parce que, ce qu’il a fait pour Santos et pour nous, jamais plus personne ne le fera ».
Larissa Ferraz, était aussi la fois triste et heureuse de ce qu’a laissé Pelé aux Brésiliens. « Pour moi, Pelé a établi quelque chose de nouveau : le 1er concept de « Brasilianité » », témoigne-t-elle.
Avant les années 50, personnes ne se disait fier d’être Brésilien. Et Pelé nous a donné cet orgueil, quand il a remporté toutes ses victoires. En tant qu’homme noir, il est devenu une référence. Jamais il n’a milité dans les mouvements noirs du Brésil mais son exemple suffisait. Regardez pour la Jamaïque, c’est Bob Marley la référence. Pelé et Bob Marley, 2 références nationales. Et puis, Pelé est pour moi la personne qui a gagné tout ce qui était possible dans sa vie !
Le cercueil du seul joueur de football à avoir remporté trois Coupes du monde (1958, 1962, 1970) reposera au centre du terrain du Vila Belmiro. L’entrée du stade est autorisée « sans interruption » jusqu’à ce mardi à 10h00 (13h TU) locales puis une procession parcourra les rues de Santos, ville située à 75 kilomètres au sud-est de Sâo Paulo, avant l’enterrement, réservé à la famille.
Trois banderoles géantes ont été placées dans les tribunes de l’enceinte de 16 000 places: l’une montrant Pelé de dos avec le maillot « 10 » que l’ex-attaquant a immortalisé, tandis que sur les deux autres on pouvait lire « Vive le roi » et « Pelé 82 ans ».
« Nous sommes arrivés à la maison »
Le corps de Pelé est arrivé au milieu de la nuit de dimanche, venu de São Paulo à bord d’un véhicule funéraire. Des supporteurs de Santos et des badauds étaient dans la rue pour accueillir le cortège, salué par des applaudissements et des pétards. Des proches du roi Pelé accompagnaient le cercueil, comme son fils Edinho, qui a écrit sur les réseaux sociaux : « Nous sommes arrivés à la maison ».
Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, a passé un mois à l’hôpital Albert Einstein de São Paulo jusqu’à sa mort, le 29 décembre, des suites d’une insuffisance rénale et cardiaque, d’une bronchopneumonie et d’un adénocarcinome du côlon, selon le certificat de décès publié par plusieurs médias locaux.