En Afrique du Sud, s’ouvre à Durban, dimanche 15 mai, une conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants. Plus de 4 000 délégués – représentants de gouvernements, de syndicats, du privé comme de la société civile, et de jeunes du monde entier – seront présents. Des progrès ont été réalisés mais, dans le monde, les chiffres sont en hausse et la pandémie de Covid-19 n’y est pas étrangère.
La conférence tombe à un moment critique. Un enfant sur dix est encore contraint de travailler dans le monde. Plus nombreux et de plus en plus jeunes, les enfants âgés de 5 à 11 ans astreints au travail représentent désormais un peu plus de la moitié du chiffre mondial total.
La pandémie de Covid-19 a appauvri les populations et les conséquences ont été immédiatement visibles pour les plus jeunes. En Afrique subsaharienne, la croissance démographique, conjuguée à cette extrême pauvreté, a eu des effets désastreux. On estime que 16,5 millions d’enfants supplémentaires ont été astreints au travail au cours des quatre dernières années.
Des progrès sont toutefois engagés dans certaines régions. Au Zimbabwe, le gouvernement s’est récemment engagé à combattre le travail des enfants dans l’industrie du tabac. La loi fixe l’âge d’embauche à 16 ans, mais n’interdit pas aux plus jeunes de manipuler le tabac, une subtilité qui profite toujours aux agriculteurs.
Ces dernières semaines, le gouvernement ivoirien a également signé un partenariat pour assurer une meilleure prise en charge des enfants travailleurs dans la filière cacao.
C’est la première conférence de ce type sur le sol africain, et c’est important parce que sur les 160 millions d’enfants forcés de travailler dans le monde, environ 60% d’entre eux se trouvent en Afrique. Il est donc tout à fait pertinent que cette cinquième conférence mondiale se déroule sur le continent africain. La prévalence du travail des enfants en Afrique est principalement liée à l’agriculture. L’économie rurale en est un facteur essentiel. S’agissant des pays francophones en Afrique de l’Ouest, le travail des enfants est aggravé par les plantations de cacao, notamment en Côte d’Ivoire. L’exploitation commerciale du cacao est donc pour nous une préoccupation majeure. Autre facteur derrière ce phénomène, ce sont les conflits, par exemple au Mali ou au Burkina Faso. La Centrafrique n’est pas épargnée, ni le Tchad, ni la République Démocratique du Congo. Ce dernier pays est particulièrement touché par le travail des enfants en raison de l’exploitation minière artisanale. Le problème est exacerbé par cette intersection entre l’exploitation minière et le conflit.