Diaspora : la question de notre dernière demeure

Hier, en sortant d’une grande librairie à Paris, j’ai rencontré un ami avec lequel nous avons essayé de refaire le monde à partir d’un livre que je venais d’acheter. Il revenait de l’enterrement de l’un de ses amis, et ne m’a pas dissimulé son angoisse et sa tristesse du fait que nombre de nos compatriotes sont désormais enterrés en France, ou ailleurs à l’étranger, loin de leur terre natale, et m’a demandé mon avis là-dessus.

Pertinente question, j’en conviens, au regard de notre rapport à la mort en tant qu’Africains et Bantous de surcroît. À cet instant, j’ai pensé à une réflexion que j’avais publiée en 1995 dans le magazine E. International sur ce sujet. J’y invitais les Africains, mes compatriotes notamment, à y penser vu que beaucoup ont formé de la famille, avec enfants notamment, dans leurs pays d’accueil.

J’ai répondu à cet ami que si l’on aborde ce problème sous l’ange de l’attachement à la terre natale, ce qui est normal, son angoisse et sa tristesse sont légitimes. Mais si on l’aborde en tant qu’humains, on se rend à l’évidence qu’il n’y a qu’une seule terre, la même dans tous les pays, où tout individu peut vivre ou mourir et y être enterré.

La terre est infinie, et n’a pas de frontière. Les frontières entre les pays relèvent de la volonté des hommes et non de la réalité de la nature. Ai-je lui apporté la réponse qu’il attendait ? Je n’en sais rien, car ce sujet dans notre communauté est souvent couvert d’un halo de tabous. Au final, la question de notre dernière demeure dépend de la volonté de chacun…

Gilbert Goma